L’esprit d’entreprendre est une notion essentielle à l’heure de l’intrapreunariat.
L’esprit d’entreprendre va bien au delà du simple esprit d’initiative. Le salarié doit avoir « la capacité à être un entrepreneur ». Il peut s’agir de monter un projet de A à Z, de concevoir un business model, d’avoir un œil sur les finitions, de maîtriser la gestion de projet….
« C’est un élément clef, car les sociétés sont obsédées par le fait de recréer de la valeur« , indique Fabrice Mauléon. Lorsqu’il s’agit de la mettre en œuvre au sein même de l’entreprise on parle souvent aujourd’hui d’intrapreunariat.
La question de la rentabilité des projets était autrefois gérée par la direction, et c’est souvent de haut que venait l’impulsion. La tendance se diffuse à tous les échelons hiérarchiques à présent : l’initiative peut venir d’un simple employé comme d’une personne à un poste de management. En somme, l’esprit d’entreprendre est une qualité à mettre en avant sur son CV et sa lettre de motivation.
Créativité ou Innovation
Nous avons tous un gisement de créativité qui sommeille en nous.
La créativité est devenue une soft skill très recherchée : « Autrefois, on n’enseignait pas la créativité dans les écoles de commerce; vous étiez un élément de la chaîne. Aujourd’hui, vu que la chaîne s’est cassée, quand la croissance s’arrête, on va demander à chaque responsable de créer de la valeur ». La créativité est donc une notion abordée dès le début des cursus dans les business school.
Afin de comprendre comment se concrétise la créativité, le Vélib’ en est une parfaite illustration pour répondre à la problématique des places de stationnement en ville. Cette notion prend souvent corps dans des projets qui paraissent saugrenus, comme la voiture sans chauffeur.
Selon Julien Bouret, développer sa créativité nécessite déjà de se dire que l’on peut être créatif, que ce n’est pas réservé aux « créa ». Et l’un des moyens d’y arriver et d’observer comment ils fonctionnent.
CONFIANCE
Avoir confiance en soi permet aussi aux autres d’avoir confiance en eux…
« Si vous avez confiance en vous-même, vous en inspirerez à l’esprit des autres », disait Goethe dans Faust. Ce qui est plus facile à dire qu’à faire…
« La confiance en soi correspond à un fort sentiment de sa dignité et de ses capacités personnelles », explique le psychologue américain Daniel Goleman spécialiste de l’intelligence émotionnelle. Autrement dit, avant d’avoir confiance en soi, encore faut-il aussi avoir conscience qu’il n’est pas de différence de nature entre les hommes ou les femmes pour que l’on vaille plus ou moins qu’un autre.
Mais il faut aussi avoir confiance en ses capacités et celles des autres. Bien maîtriser ses hard skills, permet déjà d’avoir une base solide pour être confiant.
« La confiance suppose aussi d’accepter que l’on n’a pas de pouvoir sur toutes les variables », explique Julien Bouret. Cela suppose de savoir déléguer quand c’est nécessaire, accorder de la valeur au travail des autres et leur laisser de la latitude pour leurs initiatives. « C’est une notion très contagieuse. » Elle s’illustre dans le bienveillant « on va y arriver ! » pour motiver les troupes.
Notions associées : Gestion du stress / Prise de décision / Intelligence émotionnelle / Intuition
Intelligence émotionnelle
L’intelligence émotionnelle demande une parfaite conscience de sa « météo émotionnelle ». © Konstatynov/123RF
L’intelligence émotionnelle est une notion qui a été popularisée par le psychologue Daniel Goleman dans les années 1990 notamment grâce à son ouvrage Emotional Intelligence – Why it can matter more than IQ.
L’intelligence émotionnelle concerne les aptitudes que le quotient intellectuel n’arrive pas à capturer.
Pour Julien Bouret, elle se concrétise par « l’émotion avec laquelle on transmet un message » et sa mise en pratique consiste à « veiller à la météo émotionnelle que l’on diffuse ».
Il s’agit donc d’avoir conscience de son comportement dans ses échanges pour trouver la tonalité appropriée. La technique se rapproche de celle connue sous le nom Actors studio. Cette technique consiste pour l’acteur à puiser dans ses propres émotions pour jouer un sentiment et non pour jouer le sentiment. L’idée est de ne pas rester figé sur ses positions face à un interlocuteur avec lequel le courant ne passe pas, mais d’arriver à s’accorder sur une même longueur d’onde dans la communication.
Notions associées : Confiance / Empathie / Souplesse cognitive / Non-jugement
Prise de recul
Sieste ou méditation permettent de prendre du recul. © Stokkete/123RF
La prise de recul est une qualité essentielle des personnes qui, paradoxalement, ont la tête dans le guidon toute la journée.
« Quand on a des échéances très courtes, on a parfois des visualisations négatives », explique Julien Bouret. La prise de recul va donc permettre de relativiser et de faire cesser le bavardage mental incessant.
L’idée est de renouer avec le présent, sans être dans le passé ou le futur.
Comme disait Winston Churchill : « Quand la guerre a commencé, il fallait que je dorme pendant la journée parce que c’était la seule manière pour moi de faire face à mes responsabilités. »
Encore faut-il avoir le temps pour une sieste. D’autres techniques comme la méditation permettent cette prise de recul.
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Audace
Tout le monde le sait, la fortune sourit aux audacieux. © Katoosha/123RF
L’ouvrage « Xavier Niel, la voie du pirate » comporte une anecdote savoureuse. En 2012, à deux semaines du lancement de l’offre Free Mobile illimitée, Xavier Niel et ses collaborateurs ont peur que les concurrents répliquent avec un forfait moins cher. C’est alors que Xavier Niel propose l’idée d’une autre offre : un forfait à deux euros par mois.
Une idée trop audacieuse selon ses associés, mais à laquelle ils finiront par adhérer.
Faire preuve d’audace se résume donc selon Julien Bouret à « élargir sa zone de confort ». Et cela même lorsque certains collaborateurs ont du mal à y croire.
Car l’entrepreneur français avait mûrement réfléchi son idée et pris en compte plusieurs variables. L’enjeu était alors pour lui de faire le plein d’abonnés le plus vite possible.
La meilleure réponse semble de prime abord nous plonger dans « une situation de fragilité » jusqu’à ce que l’on ait réussi à évincer les réticences en montrant sa conviction d’avoir trouvé la bonne réponse.
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Gestion du temps
Bien gérer son temps commence par identifier les perturbations. © BDS/123RF
La gestion du temps « est un besoin actuel qui deviendra de plus en plus important à cause de l’infobésité », annonce Fabrice Mauléon.
D’autant qu’une fois les automatismes informatiques en place dans une entreprise, le salarié ne s’occupe plus que de l’imprévisible et donc des tâches au jour le jour. Mais comme le patron lui demande aussi de recréer de la valeur, il doit en même temps être capable de mener ses projets au long cours.
Or, savoir jongler avec l’urgent et le froid demande une très bonne organisation de son emploi du temps. Et il ne faut plus compter sur son supérieur hiérarchique pour le définir.
Le défi, c’est de perdre le moins de temps possible avec la question du temps explique Julien Bouret : « Il y a des points de perturbation qu’il faut identifier, comme la gestion des mails. On peut par exemple définir des moments dans la journée dédiés au mail plutôt que de les consulter constamment ». Car, qui dit mauvaise gestion du temps, dit plus de stress, de burnout et de perte de temps.
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Gestion du stress
Il n’est pas si difficile de rester zen.
« Il faut arrêter avec le mythe du stress positif », s’insurge Julien Bouret. « Le stress est difficile à supporter pendant plus de trente minutes. »
L’un de conseils du spécialiste est de ne pas considérer les échéances comme des contraintes, mais comme des informations.
Fabrice Mauléon ajoute que c’est un thème de plus en plus important dans les entreprises : « Le travail du directeur des ressources humaines est en train de changer. S’il n’a plus à gérer la partie analytique, il va se rapprocher encore plus du directeur des systèmes d’information. »
Autrement dit, l’attention portée à la diminution du stress au travail et du burnout se diffuse dans la conception même d’outils comme des processus de communication.
Notions associées : Prise de recul / Gestion du temps / Confiance / Visualisation
Souplesse cognitive
La souplesse cognitive : savoir jongler avec différents points de vue.
La souplesse cognitive est l’aptitude à faire aussi bien appel à la rationalité qu’à la créativité pour expliquer ou mémoriser.
Par exemple : lorsque vous apprenez une liste de mots, associer des couleurs ou des émotions à chaque terme permet de mieux les retenir.
Autre exemple évoqué par Julien Bouret : « Lors d’une présentation PowerPoint, il est prudent de ne pas se contenter de bullet-points, mais d’intégrer des images et pourquoi pas de petites vidéos ou des animations. Enfin, pour résumer des situations, un schéma vaut parfois mieux qu’un long discours. »
Cette souplesse cognitive nécessite non seulement de se mettre à la place de l’interlocuteur pour adapter son discours en fonction de lui, mais aussi d’anticiper les questions qu’il pourrait avoir. Il s’agit donc de penser d’abord à l’interlocuteur avant d’élaborer le discours.
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Intuition
L’intuition se développe quand les hard skills sont maîtrisées.
L’intuition consiste à « faire émerger une information pertinente qui vous parvient de manière non conventionnelle », indique Julien Bouret.
Les exemples sont nombreux et relèvent souvent de la découverte accidentelle : la pomme qui tombe sur la tête de Newton, ou encore Archimède découvrant sa fameuse « poussée » dans son bain et s’exclamant « eurêka ! » Si la véracité de ces anecdotes n’est pas vraiment établie, l’intuition est aujourd’hui étudiée comme phénomène de découverte scientifique.
Plus proche de nous, on pourrait citer le mathématicien William Rowan Hamilton qui, en se baladant avec sa femme, eut la révélation du concept de quaternions (nombres réels et complexes).
Pour développer notre intuition, il faut savoir casser le bavardage mental des préoccupations quotidiennes. Mais elles n’apparaissent pas à partir de rien ; souvent l’individu possède déjà une grande connaissance du sujet et son esprit travaille plus vite que la logique, ce qui provoque l’émoi de la découverte.
Notions associées : Confiance / Prise de recul / Visualisation /
Négociation
La négociation peut avoir lieu partout.
La négociation en tant que soft skill se caractérise de la manière suivante : « C’est la capacité à vendre ses idées, à imposer ses choix et à convaincre, tout en étant capable d’arbitrer entre plusieurs informations« , expose Fabrice Mauléon.
« Les formations en vente sont aujourd’hui des formations en sciences cognitives et en technologie », ajoute-t-il. L’époque où il s’agissait de pitcher est donc belle est bien révolue.
« On va réussir une négociation quand on aura bien compris les besoins du client », précise Julien Bouret. Il plaide donc pour une approche au cas par cas.
Dans le monde de l’entreprise, cette négociation peut avoir lieu partout, même sur messagerie instantanée lorsqu’il s’agit de convaincre un collaborateur ou supérieur hiérarchique. Or, quand il est demandé à l’employé de recréer de la valeur, ce sont les premières personnes avec lesquelles il faut savoir négocier.
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Conscience
La conscience est la clef de voûte des soft skills.
« La conscience est la façon dont un homme perçoit ce qui se passe dans son propre esprit », disait le philosophe John Locke. Les auteurs du Réflexe Soft Skills partent de cette citation pour étendre leur définition de la conscience. Il s’agit d’être attentif à la fois à son ressenti dans toute situation, mais aussi d’avoir conscience des contraintes et des ressources dont l’on dispose.
« Dans le monde professionnel, la conscience se manifeste à travers ma capacité à accepter la charge de travail et à accepter le changement« , note Fabrice Mauléon.
C’est une notion à laquelle l’individu doit faire appel soit pour apprendre de son expérience soit pour modifier son approche, et qui permettra ensuite de développer chaque soft skill : par exemple, quelle est ma capacité à gérer le stress et comment m’en sortir ? Comment motiver mes équipes ? Quelles ont été les méthodes efficaces par le passé ? Que dois-je changer en moi pour être plus efficace ?
Notions associées : Prise de recul / Empathie / Souplesse cognitive / Présence